Lorsqu’on est entrepreneur, on investit du temps et de l’énergie dans son entreprise et on souhaite naturellement que les employés partagent cette même implication. Or il est souvent complexe et fastidieux d'embaucher de nouveaux collaborateurs. Il est donc essentiel de s’assurer que ceux-ci correspondent bien aux attentes de l’entreprise. La période d’essai, qui débute avec le contrat de travail, permet justement aux deux parties de faire connaissance et d’évaluer si la collaboration fonctionne bien et si un engagement à long terme est envisageable. Dans cet article, nous vous détaillons les caractéristiques de la période d’essai en Suisse, en mettant l’accent sur le délai de résiliation et les autres conditions essentielles à connaître.
ℹ️ La période d’essai est une phase limitée dans le temps qui marque le début d’un nouveau contrat de travail. Elle permet à l’employeur et à l’employé de faire connaissance et d’évaluer s’ils souhaitent poursuivre leur collaboration sur le long terme. Durant cette période, un délai de résiliation spécifique de sept jours s’applique. Une fois la période d’essai terminée, le préavis prévu dans le contrat de travail entre en vigueur.
Pour les contrats à durée indéterminée, la période d’essai dure entre un et trois mois et doit être précisée dans le contrat. Pour un contrat à durée déterminée, en revanche, le Code des obligations (CO) ne prévoit pas de période d’essai. En principe, la durée de la période d’essai est la même pour l’employeur et l’employé. Notons par ailleurs qu'elle peut être adaptée ou prolongée dans certains cas.
Les entreprises ont la possibilité d’établir des périodes d’essai spécifiques ou de ne pas en prévoir du tout, à condition de respecter le cadre légal en vigueur.
Si le contrat ne mentionne pas de période d’essai pour un contrat à durée indéterminée, la durée légale par défaut est d’un mois. Les contrats d’apprentissage font exception: une période d’essai d’au moins un mois est obligatoire et peut être prolongée jusqu’à six mois avec l’accord du canton.
Oui, la période d’essai peut être prolongée. Si des circonstances particulières empêchent son bon déroulement, il est possible de l'étendre afin de compenser la durée perdue. Employeur et employé disposent ainsi du temps nécessaire pour pouvoir évaluer leur collaboration.
Nous détaillons plus bas les situations qui permettent une prolongation de la période d’essai.
Pendant la période d’essai, la résiliation peut intervenir avec un préavis de sept jours. La durée du délai de préavis est donc très brève, et par ailleurs l'annonce de la résiliation peut avoir lieu n'importe quel jour. Après la période d’essai, les résiliations sont généralement acceptées en fin de mois. Les conditions et la durée de la période d’essai sont précisées par écrit dans le contrat de travail.
Il est important de noter que ce n’est pas la date d’envoi du courrier qui est prise en compte comme date de résiliation, mais la date à laquelle l’employé reçoit le courrier.
Ainsi, si l’employé est en voyage ou malade, la résiliation ne devient effective qu'à son retour, lorsqu’il prend connaissance du courrier de résiliation. Dans ce cas, le début du délai de préavis sera donc retardé.
Si la période d’essai ne peut être effectuée en raison d’une maladie, d’un accident ou d’une obligation légale comme le service militaire, elle est prolongée. La durée de l’absence est ajoutée à la fin de la période d'essai initialement prévue. L'employeur et l’employé disposent ainsi du temps nécessaire pour s’évaluer mutuellement.
Susanna Pell commence son nouvel emploi de vendeuse chez Marinas Blumenlädeli le 1er février 2023. Son contrat ne prévoit pas de durée spécifique pour la période d’essai. Celle-ci est donc d’un mois. Susanna travaille avec Marina Krahn, la propriétaire du magasin. Un jour, Marina glisse sur une plaque de verglas et doit être hospitalisée pendant pendant un certain temps suite à sa chute. Durant cette période, Susanna ne peut pas poursuivre son essai, l’activité du magasin étant perturbée par l’absence de sa propriétaire. Marina revient au bout de 10 jours, ce qui permet à Susanna de reprendre également le travail. Par conséquent, la fin de la période d’essai, initialement fixée au 28 février 2023, est repoussée au 10 mars 2023.
Durant le temps d’essai, la législation suisse n’interdit pas le licenciement d’une employée enceinte – la protection contre le licenciement ne s’applique pas pendant cette période. Toutefois, les femmes ne sont pas obligées d’informer leur employeur de leur grossesse. Après la période d’essai, une protection contre le licenciement s’applique en cas de grossesse et dure jusqu’à 16 semaines après l’accouchement.
Une période d’adaptation et d’évaluation: Le temps d’essai permet à l’employeur et à l’employé de mieux se connaître et de déterminer si leur collaboration est viable à long terme.
Une flexibilité accrue: La durée réduite du préavis de licenciement pendant la période d’essai offre une plus grande flexibilité. Si l’une des parties souhaite mettre fin au contrat, elle peut le faire plus rapidement et sans complications.
Une phase d'intégration: La période d’essai permet aussi au nouvel employé de se familiariser avec son poste et les processus internes. Dans le meilleur des cas, celui-ci est capable d’accomplir ses tâches en autonomie dès la fin de cette période, et d’apporter ainsi une réelle valeur à l’entreprise.
Possibilités d'adaptation: Pendant la période d'essai, les deux parties ont l’occasion de discuter d’éventuelles modifications du contrat de travail et de les mettre en place si nécessaire.
L’adéquation entre l’employé et son poste est essentielle pour une collaboration réussie. Lorsqu'un employé partage les valeurs et la culture de l’entreprise, il s’intègre plus facilement à l’équipe et travaille de manière plus efficace. Une bonne adéquation simplifie les échanges au sein de l’équipe et permet une meilleure compréhension des stratégies de l’entreprise, ce qui facilite leur mise en œuvre. Il ne s’agit pas uniquement d’un bon «feeling» entre l'équipe et l’employé, mais aussi d’une correspondance entre ses compétences et les tâches qui lui sont confiées. De fait, un employé dont les compétences ne sont pas en adéquation avec les exigences de son poste risque de s'ennuyer ou de se sentir dépassé, ce qui nuira forcément à sa productivité. Il est donc essentiel d’adapter les missions aux capacités de l'employé.
Conformément au Code des obligations suisse, un employé a le droit de demander un certificat de travail à tout moment, y compris pendant le temps d’essai. Un certificat de travail atteste de la durée de l’emploi, des missions effectuées et inclut une appréciation des performances et du comportement du salarié.
En général, un certificat de travail rédigé après une période d’essai est plus concis que celui délivré après plusieurs années de service. Cela s’explique par le fait que l’employé a occupé le poste pendant une période relativement courte. Un certificat de travail obtenu pendant une période d’essai peut être utile pour de futures recherches d’emploi et permet par ailleurs de justifier l’activité exercée sur un CV.
Lorsque la période d’essai touche à sa fin, un entretien est généralement organisé entre l’employeur et l’employé afin d’échanger sur cette première phase de collaboration et d’envisager d’éventuels ajustements.
C'est l'occasion pour l’employeur de demander au salarié comment il a vécu son intégration et s’il s’est senti à l’aise avec les tâches qui lui ont été confiées. De son côté, l’employé peut partager son ressenti et exprimer son intérêt à poursuivre au sein de l’entreprise.
L’objectif de cet entretien est de s’assurer que les attentes et engagements initiaux ont été respectés et que les deux parties souhaitent poursuivre leur collaboration.
Texte original en allemand
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